Prenons un exemple historique de gestion des risques : la quête du Pôle Sud.
L'explorateur Roald Amundsen :
Ayant entendu que Scott se préparait pour atteindre le Pôle Sud, il quitte Oslo et joue le tout pour le tout avec une équipe de cinq explorateurs. Après avoir perdu plusieurs quêtes du Pôle Nord, il mise son destin sur le Pôle Sud. Son audace insensée aurait dû le mener à l'échec. Pourtant, de manière paradoxale mais héroïque, il fut le premier à atteindre le Pôle Sud.
Robert Scott :
Financé et équipé par La "Royal Geographical Society", il constitue une équipe de 65 personnes, dans laquelle se trouve le génie en météorologie de l'époque. Malgré cela, il meurt avec quatre autres des membres de son équipe, après avoir atteint le Pôle Sud. Il a été incapable de rejoindre le camp de base qui les aurait sauvé des températures extrêmes du début de l'hiver austral. Traduction pour les marchés financiers : Lorsque nous savons dans quel régime de marché nous évoluons, nous pouvons prendre plus de risque comme Amundsen ou nous presser de réduire nos risques, comme ce qu'aurait dû faire Scott.
4 choses à retenir pour la gestion des risques :
#1 La chance permet de générer de la performance de temps en temps mais jamais de sécuriser votre capital. #2 Vous préparer n'est pas suffisant. Vous devez vous préparer aux risques de baisses extrêmes du moment. #3 Les moyennes sont une approximation. Vous devez avoir les cas extrêmes en tête pour une bonne gestion. #4 Les cas extrêmes ne sont pas identiques selon les régimes de marché, positifs comme négatifs.
Comment expliquer que Scott ait échoué malgré sa préparation ?
Scott avait planifié un retour au camp de base avant le début du mois de mars. Alors que les estimations moyennes se sont avérées exactes sur les 90 années qui ont suivi, en 1912, dès le milieu du mois de février, les températures sont tombées en-dessous de -30°C (graphique du dessus), condamnant les explorateurs de son équipe.
Scott prend plusieurs mauvaises décisions, pourtant intelligentes si la température avait été conforme à la moyenne estimée. Mais elles rallongent la durée de son retour, jusqu'à l'arrivée précoce de conditions qui ne sont pas endurables par l'être humain . En n'estimant pas le "pire scénario" possible d'un été austral, il leur a manqué une durée "tampon", inutile en moyenne, mais qui les aurait sauvés en 1912.
Estimation moyenne des températures et températures réelles de 1912
Effets négatifs qui se cumulent et qui se décuplent En dessous de -30°C (-20°F):
le trajet quotidien moyen passe de 25km à 5km du fait de l'absence d'effet de glisse sur la neige qui ne fond plus et dont la friction équivaut du sable
la probabilité de souffrir d'engelure, rendant l'effort de randonnée quasiment impossible saute de 50% à 95%
L'équipe de Scott a eu une gestion des risques basée sur l'estimation de la température moyenne et non pas sur la garantie de survie dans les pires scénarios imaginables d'un été austral. Cela les a menés à une prise de décision fatale.
